L' "ambassade" de Niamey
Au Niger, une « ambassade » est un lieu d’habitation qui réunit des étudiants d’un même village ou d’une même ville. Les étudiants se regroupent ainsi pour amortir les coûts d’hébergement mais aussi pour se retrouver entre eux, dans un lieu qu’ils veulent chaleureux, à l’abri de la promiscuité du campus. Les anciens initient les plus jeunes et leurs évitent pas mal d’embuches. Ils espèrent tous sortir diplômés pour aider au développement de leur région.
Depuis 5 ans, nous rencontrons les étudiants de Grain de Sable à chacune de nos missions. Nous avons pu ainsi découvrir les aléas de la vie d’étudiant à Niamey.
Nous en connaissons certains qui ont vécu clandestinement (parce qu’ils n’avaient pas de bourse donc pas de chambre) sur le campus, dormant sur les bancs et poursuivant les cours dans la journée. D’autres se sont fait voler leurs affaires parce que les casiers individuels, trop petits, servent à 6 ou 10 étudiants, avec une clé qui circule. Certains se sont retrouvés à 20 dans une chambre pour 7 !
Aussi avons-nous décidé d’aider les jeunes qui sortent du Centre d’accueil d’Agadez.
Nous avons donc ouvert l' "Ambassade de Niamey", la maison des étudiants de Grain de Sable. L’association finance la location de la maison et les abonnements d’eau et d’électricité. Tous le reste est à la charge des 14 étudiants qui l’habitent : la nourriture, les inscriptions, les consommations d’eau et d’électricité, la documentation, les transports, etc. S’ils le peuvent, ils s’équiperont de matelas, de chaises, de tables, etc. Car ils n’ont rien, juste leur couverture, un classeur et … l’enthousiasme de la jeunesse ! Certains sont boursiers, d’autres non ; certains ont travaillé à la culture des oignons l’été et les parents ont donné ce qu’ils pouvaient …
Ils ont créé un bureau et gèrent la maison comme une association. C’est une gestion que les étudiants connaissent parce qu’ils ont tous des copains dans des structures identiques. Des règles simples et de bon sens ont été définies et ils s’appuient sur le fait qu’ils ont tous passé 2 à 4 ans au Centre d’accueil d’Agadez. Ils y ont appris à vivre ensemble et à travailler pour la réussite dans un esprit de respect mutuel et de tolérance.